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Conclusion 

    "Le christianisme est la religion des visages et il faudra toute l'histoire humaine pour que Dieu-Homme se révèle en plénitude." (O. Clément)

 

   En Jésus-Enfant, Dieu nous a montré son visage à Béthléem, visage de tendresse et d'amour. Au moment de l'Incarnation, le Fils de Dieu prend le risque d'une existence humaine exposée et vécue jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à la souffrance et la mort : un auteur spirituel parle de la folie de la crèche comme saint Paul parle de la folie de la Croix.

 

   Le Christ situe toute son existence dans le "Me Voici" de l'obéissance qui ouvre à toute l'humanité le chemin de la communion trinitaire. Ce n'est qu'en devenant tout "Me voici", que l'on devient fils, visage de ce Dieu qui affirme n'avoir pas d'autre nom que celui-là : ME VOICI (Is 51, 6).

   Le philosophe juif Emmanuel Lévinas (mort le jour de Noël en 1995, dont le journaliste Jean Daniel a dit qu'il n'a pu dire que : "Me voici" en arrivant auprès de Dieu.)  a beaucoup commenté le Me Voici : "C'est, dit-il, le mot le plus juste qu'une créature puisse dire à son Créateur."

   Puisque Dieu, dont le nom est Me Voici, a fait l'homme à son image, il va de soi que l'Homme par excellence, Jésus de Nazareth, se tourne vers Dieu pour lui dire "Me Voici", lui qui est "l'Image du Dieu invisible." (Col 1, 15).

   Michel Garicoïts a laissé à sa famille religieuse une devise que tout baptisé peut faire sienne pour marcher à la suite du Verbe Incarné :

"Me voici sans retard, sans réserve, sans retour, par amour"

  • Sans retard : quand on aime, on ne fait pas attendre. C'est en entrant dans le monde que le Christ dit "Me Voici". Quand Dieu appelle, plus qu'un devoir, c'est un honneur de lui répondre. La bienheureuse Mariam disait : "On croit faire honneur à Dieu en le servant ! C'est un si grand honneur que Dieu nous fait de pouvoir le servir." Enfant, Michel Garicoïts glisse cette confidence à sa mère : "Je voudrais être prêtre." Pour épargner ses parents pauvres, Michel assume les frais des études, devenant domestique chez un fermier, près de St Palais et plus tard à l'évêché de Bayonne.
  • Sans réserve : Jésus le Fils bien-aimé nous conduit à l'extrême de l'amour. Vicaire à Cambo, Michel Garicoïts entoure d'une grande délicatesse le curé de la paroisse paralysé. Il se dépense sans compter auprès des enfants, des adultes, des malades : en dix huit mois la paroisse es t transformée. L'évêque met fin à son apostolat en le nommant au séminaire de Bétharram. Surpris, Michel souffre de quitter la paroisse mais se ressaisit vite : "Quel dessein, écrit-il, peut bien nourrir notre évêque pour m'arracher ainsi à un ministère que Dieu bénissait visiblement ? "
  • Sans retour : c'est la marque de la fidélité de Dieu, en qui fidélité et éternité font bon ménage ... Arrivé à Bétharram en 1825, Michel y restera jusqu'à sa mort, s'adaptant à toutes les situations : d'abord professeur de philosophie, puis directeur du séminaire. En 1833, l'évêque ramène le séminaire à Bayonne ... oubliant le Père Garicoïts à Bétharram. Il assure la tâche de gardien du sanctuaire et devient aumônier des Filles de la Croix d'Igon, avant de devenir le fondateur de la famille religieuse à laquelle il donne le nom de Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram, malgré les réticences de l'évêque qui voulait garder l'autorité sur les Missionnaires de Bétharram ... La Congrégation ne sera reconnue qu'en 1875, douze ans après la mort du fondateur.

    Le christianisme est la religion des visages : vous connaissez la dévotion des Orthodoxes pour les icônes ... Disciples de Jésus-Christ, les chrétiens ont vocation d'être "visage" du Dieu Incarné en Jésus de Nazareth. Tout au long de l'histoire de l'Eglise, les Saints sont un reflet du visage du Ressuscité.

   En disant "Me voici" à Dieu et à mes frères, je suis visage de Dieu et j'entre dans le dialogue d'Amour des Trois Personnes de la Trinité. L'Esprit-Saint façonne mon visage de fils de Dieu, jusqu'au jour de la rencontre dans la lumière du Royaume ... jusqu'au jour de ma vraie naissance !

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(DS ) : P. Duvignau,  La Doctrine Spirituelle de Saint Michel Garicoïts, Paris, Beauchesne, 1949.
(MS ) : P. Duvignau, Un Maître Spirituel du XIXème siècle, Saint Michel Garicoïts, Paris,  Beauchesne, 1963.

Ces livres se trouvent à la Bibliothèque, ainsi que quelques autres sur Saint Michel Garicoïts et la spiritualité bétharramite.