Conférences
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- L'église, un bâtiment, les enjeux
- Conférence : " Le défi de transmettre"
- Saint Louis de Gonzague et le Synode des jeunes. Enjeux, image spirituelle d'une nouvelle génération
- Le mystère de Noël avec Michel Garicoïts ... en direct de Bétharram
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par Catherine de Richecour,
responsable de la Bibliothèque de Culture Religieuse
Cette conférence sera précédée de l'Assemblée Générale de la Bibliothèque qui se tiendra
à 17h30
dans les locaux de la Bibliothèque,
4 av Edouard VII, Pau
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Conférence d'Isabelle Croizier-Varillon
le mercredi 5 février 2020
à 18h
de 17h30 à 18h
dans les locaux de la Bibliothèque,
4 av Edouard VII, Pau
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Conférence d'Emmanuel Garland
le mercredi 3 avril 2019
à 18h30
de 18h à 18h30
dans les locaux de la Bibliothèque,
4 av Edouard VII, Pau
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Le 1er décembre 2018
à 15h
Conférence de Nathalie Sarthou-Lajus
Saint Louis de Gonzague et le Synode des jeunes. Enjeux, image spirituelle d'une nouvelle génération
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CONFÉRENCE du PÈRE LEPOUTRE, jésuite
Supérieur de la communauté de Pau,
Mercredi 13 juin 2018 à 18 h30
à la Bibliothèque
Nous clôturerons cette conférence par un verre de l'amitié.
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"Le Mystère de Noël avec Michel GARICOÏTS ... en direct de Bétharram "
Conférence donnée le Vendredi 7 décembre 2007 à la Bibliothèque
Merci de m'accueillir ce soir à la Bibliothèque de Culture Religieuse qui me semble un lieu tout à fait indiqué pour réfléchir ensemble au mystère de Noël.
La fête de Noël tient une place importante dans la vie chrétienne, elle est aussi la fête la plus populaire célébrée dans le monde entier. Mais nous ne sommes pas ici ce soir pour apprécier les diverses manières dont les croyants ou les incroyants célèbrent Noël.
Je vous propose d'aller au delà des décors et des millions de lumières dans les rues des villes pour nous aventurer à l'intérieur du mystère de Noël, en nous mettant à l'écoute de saint Michel Garicoïts : c'est à partir de l'Incarnation qu'il explique tout le christianisme. L'Incarnation, c'est le mystère du Fils de Dieu se faisant homme et prenant chair humaine en Jésus, le Fils de la Vierge Marie. L'Incarnation, faut-il le préciser, ne se réduit pas à la naissance de Jésus, elle englobe les trente trois ans de son existence sans oublier la Résurrection.
C'est à partir de l'Incarnation que Michel Garicoïts explique le christianisme, se rattachant directement au témoignage des Apôtres. Ils ne sont pas partis de la divinité de Jésus pour le suivre, ils sont juifs et ils ont redécouvert Dieu à partir de l'homme Jésus, en réalisant progressivement comment il se référait à Dieu : Jésus-Christ faisait de sa relation au Père la source de sa vie et de sa mission. C'est cette relation unique vécue par Jésus avec son Père qui retient toute l'attention de Michel Garicoïts. Pour lui, l'Incarnation explique tout :
Si le Christ est le centre de l'humanité et de la foi chrétienne, c'est qu'il en est l'axe et la flèche pour ramener le monde à Dieu. Il est le Messie, l'Envoyé du Père attendu et désiré par le Peuple d'Israël. Il vient rétablir l'Alliance entre le Créateur et l'humanité. Chrétiens du XXIème siècle, le seul Dieu que nous ayons à connaître est celui dont Jésus-Christ témoigne, car Jésus est l'homme en qui Dieu veut être compris et reconnu
La crèche est le symbole le plus connu de la fête de Noël. Elle ne date pas des débuts de l'ère chrétienne. Une tradition sérieuse fait remonter cette représentation naïvement théâtrale à saint François d'Assise. C'est lui qui eut l'idée de célébrer Noël, à Greccio en Ombrie, dans une grotte avec des personnages et des animaux. La crèche est toujours très populaire : présente dans d'innombrables familles, à travers le monde entier elle s'est imposée même à la Place Saint Pierre de Rome !
Devant la crèche saint Michel laisse parler son coeur : "Pauvre petit enfant ! Tendre petit Jésus, vous venez de naître pour moi ... Notre Seigneur est descendu jusqu'à nous, il nous a rendus non seulement spirituels mais divins. Voilà ce qu'il a daigné faire et ce que nous sommes devenus en Jésus-Christ. Voilà ce qu'il nous persuade par son exemple, par son esprit d'amour. Il est dans la crèche, endurant le froid, l'humiliation, les ennuis par amour pour nous ... Quoi de plus propre à nous enflammer d'amour pour lui et à nous rendre généreux." (D.S. 108)
"Dieu est l'amour partout et toujours présent ; pour ramener les hommes au souvenir et à l'amour de leur Créateur, Jésus-Christ leur montre la divinité rendue visible et palpable dans son humilité : le voilà dans la crèche ... c'est une manifestation faite à tous, une école à tous ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Quelle force et quelle douceur dans les enseignements de la crèche ! " (D.S. 109).
Après ces accents pleins de ferveurs devant l'enfant de la crèche, Michel Garicoïts formule cette prière qui le conduira à l'imitation fidèle : "Seigneur, faites que nous ne trouvions de consolation que dans les abaissements de votre divin Fils ... C'est un Dieu fondu en charité, il nous sollicite, il nous presse, il s'immole tout en voyant que nous ne nous rendons pas à son coeur. Nier sa bonté, son amour partout présent et agissant pour nous éclairer et nous sauver, voilà qui est faux et archifaux. Le miracle des miracles, c'est de fermer les yeux à cette vérité, de ne pas se rendre à ce fait si manifeste et si pressant du Verbe fait chair pour nous instruire et nous unir à son Père." (D.S. 110).
"Il a habité parmi nous " (Jn 1,14), Michel Garicoïts médite cette Parole de l'Evangile de Jean ainsi : " Qu'est-ce qui l'a fait descendre ? L'amour. Mais quel coeur aura-t-il donné à la nature humaine dont il est venu se revêtir, sinon un coeur pétri d'amour, dont il conduisait tous les mouvements ? Qu'aurait donc fait le Verbe divin en se faisant homme sinon de se former un coeur sur lequel il imprimât cette charité qui l'obligeait à venir au monde ? Ce coeur du Roi-Sauveur, toujours dans la main de Dieu, qui le fasse entrer dans la carrière par cet ineffable : ME VOICI ! Voilà le coeur de Jésus, voilà l'abrégé du christianisme. Je crois à l'amour , c'est tout dire. Il s'est fait homme, je le crois ! Il aime et qui aime fait tout. Ayons donc un coeur de Jésus-Christ, un coeur étendu qui n'exclue personne de son amour." (M.S. 65-66).
Michel Garicoïts est saisi, transporté par l'amour exprimé par le "Me voici" de l'Incarnation : "Il entra dans la carrière par cet ineffable "ME VOICI" qui exprime l'amour infini du Fils pour son Père et pour les hommes". Ce "Me voici" du Fils, de sa conception et de sa naissance, deviendra le "Me Voici " de toute son existence humaine : la "carrière" dit Michel Garicoïts.
Me Voici est le mot le plus simple, le plus dépouillé de l'Amour : "Il aime et qui aime fait tout".
L'influence de l'Ecole Française.
Après ce regard sur la méditation de Michel Garicoïts, il nous reste à découvrir où il a puisé son inspiration en ce XIXème siècle infesté par le jansénisme : cette doctrine qui insistait sur la Justice de Dieu et sa grandeur souveraine. C'est autour de 1830 que M. Garicoïts, éduqué dans la crainte de Dieu par ses parents, rencontre le courant spirituel qui regroupe plusieurs personnages, entre autres Bérulle, François de Sales, Vincent de Paul, Jean Eudes et Bossuet. C'est surtout Bérulle et Bossuet qui le marquent en profondeur.
Longtemps Bérulle, lui-même, ne connaissait que la grandeur souveraine de Dieu. C'est la rencontre de Thérèse d'Avila qui lui permit de découvrir la place centrale du Christ dans la prière et la vie chrétienne. Thérèse avait une grande dévotion à l'humanité du Christ et l'Ecole Française répandit cette dévotion. Car Bérulle introduit le Carmel en France, avec Mme Acarie (1565-1618) qui deviendra carmélite ainsi que trois de ses filles. Elle prit le nom de Marie de l'Incarnation (ceux qui viennent à la chapelle de la Maison Saint Michel connaissent le vitrail la représentant), et Bérulle devint l'apôtre du Verbe incarné. Son successeur à l'Oratoire dit de lui : "Il fut envoyé comme nouveau Jean-Baptiste pour montrer Jésus du doigt ... ça a été si j'ose dire son apostolat et sa mission." Son biographe écrit dans le même sens : "Il ne voulait que Jésus-Christ, il ne goûtait que Jésus-Christ : il ne s'occupait et ne s'entretenait que de Jésus-Christ."
Bérulle enseigne que tout l'univers est recentré sur Dieu qui a créé le monde pour y être adoré et loué : l'attitude la plus profonde du Verbe incarné, celle qui le constitue et le fait vivre, c'est le regard vers Dieu. "Il faut premièrement regarder Dieu et non pas soi-même" dit Bérulle. Il voit en Jésus l'adorateur parfait qui résume en lui toute la création - la grandeur de Dieu et la petitesse de la créature - ce que Michel Garicoïts traduira par ces mots : "Dieu tout ! moi, rien."
Puisque l'homme reçoit sa vie et sa consistance du Créateur, il doit consentir à son néant et devenir pure réceptivité de Dieu. Le seul chemin ouvert à l'homme, c'est l'anéantissement comme chemin de retour à Dieu : "Plus on se perd en soi, plus on se retrouve en Dieu et dans un bien meilleur état, sanctifié, transformé, divinisé." Le mot "anéantissement" n'a pas ici le sens de destruction, d'effondrement ou de ruine que donne le dictionnaire. Il désigne simplement la reconnaissance de la condition de créature soumise au Créateur, parce qu'aimée du Créateur. Ce mystère d'amour est d'abord et avant tout le mystère du Fils bien-aimé qui se dépouille de son rang céleste - ce que saint Paul appelle la kénose - pour être homme véritablement, en tout semblable à nous, sauf le péché. Le Verbe incarné s'est soumis en tout à son Père, dans une relation filiale, toute d'amour : " Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon Père" répond Jésus à ses parents qui lui reprochaient sa disparition au Temple de Jérusalem.
A propos du sacrifice de la Croix, Bérulle insiste sur la dimension d'offrande et de don : la souffrance est assumée dans le don total de soi. C'est ce que souligne les paroles de Jésus aux Apôtres : "Nul n'a de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'il aime" (Jn 15, 13). Le salut de l'humanité n'est pas acquis par la valeur du sacrifice, mais par l'amour fraternel.
Bérulle ajoute ce commentaire : "Dieu a daigné prendre notre nature humaine, vivre au milieu de nous, comme l'un de nous, comme un enfant, comme un pauvre, comme un juste opprimé dans toutes les situations les plus touchantes, les plus propres à gagner notre coeur." ... Michel Garicoïts exprime son admiration : "Quel anéantissement : Dieu-Homme ! Mais quelle élévation : l'Homme -Dieu !" Et il se plonge dans le mystère de ce Dieu anéanti qui ne lui parut jamais plus adorable que dans ses abaissements inouïs. L'humanité du Christ anéantie et totalement consacrée à Dieu est une proclamation vivante que Dieu est tout et que la créature n'est rien si elle ne reconnaît pas la relation à Dieu. En Jésus, Dieu vient agir en homme pour que l'homme apprenne à agir en Dieu. C'est ce que dit saint Augustin : "Dieu s'est fait homme, afin que marchant à la suite d'un homme, ce que nous pouvions, nous arrivions jusqu'à Dieu, ce que nous ne pouvions pas."
Vers 1830, M. Garicoïts découvre Bossuet. C'est comme un coup de foudre spirituel : "Bossuet devient le compagnon inséparable de ses nuits jusq'à sa mort." (P. Duvignau) Il lit toutes ses oeuvres, la plume à la main ; il en assimile la doctrine jusqu'aux formules : on a relevé plus de cent emprunts. Voici le passage d'un manuscrit qui reprend le Premier sermon de l'Annonciation : "Dieu a pris en Jésus la forme de la nature humaine qui l'oblige à être sujet. Plus, il a pris la forme de l'homme pécheur, il est devenu la victime publique pour les pécheurs ... Non content de dépendre de Dieu, il se livre à la volonté des hommes. Que voyons-nous qui sente Dieu en cet enfant soumis à Joseph et à Marie pendant trente ans et pendant les trois années au service de l'Evangile ? Quelques rayons affaiblis par la simplicité des paroles, par le soin qu'il a de ne pas paraître en chef et d'attribuer ses oeuvres à son Père ! O Dieu appauvri ! O Dieu dépouillé ! O Dieu interdit ! Quoi ce Dieu facile, ce Dieu abaissé, ce Dieu populaire, dépouillé, appauvri qui se met à égalité avec nous ? Non je ne vois rien d'impossible. Un Dieu descend et me tend la main. Il n'est que d'oser et d'entreprendre ... Approchons-nous de ce pauvre, de ce dépouillé, de cet interdit. Nous pouvons attendre de lui tout ce qu'on peut espérer d'un Dieu."
L'Ecole Française part d'un constat : nous sommes au XVIIème siècle en plein humanisme, c'est aussi le début de l'ère scientifique. Il faut parler d'abord de l'homme Jésus, car il a une existence historique qui a laissé des traces. C'est à partir de lui qu'il faut remonter à Dieu : "Le Verbe Incarné sera l'essentielle manifestation de Dieu ; en Lui l'incompréhensible se fait ouir, Dieu invisible se fait voir. C'est donc pure illusion de vouloir l'atteindre en dehors de cette manifestation essentielle." (Louis Cognet)
Dans l'Incarnation, Dieu se fait proche. Il reste cependant le Tout-Autre (saint Grégoire de Nazianze) et nous n'avons pas le droit de nous fabriquer un Dieu à notre fantaisie, à notre mesure.
S'inspirant des Sermons de Bossuet pour la fête de l'Annonciation, M. Garicoïts compose un texte d'introduction à la Règle de Vie commune à toutes les familles religieuses jusqu'au Concile Vatican II. Ce texte commence par ces mots de Bossuet : "Il a plu à Dieu de se faire aimer ". Cette affirmation exprime tout le mystère de Dieu, c'est à dire tout ce que nous avons à en connaître. "Il a plu à Dieu de se faire aimer ", n'est-ce pas le résumé de tout l'Evangile ? Eternellement tourné vers le Père, le Fils bien-aimé nous rejoint dans l'Incarnation. C'est ce que dit la Lettre aux Hébreux : "En entrant dans le monde, le Christ a dit : De sacrifice et d'offrande, tu n'as pas voulu, mais tu m'as façonné un corps ... alors j'ai dit "Me voici" car c'est bien de moi qu'il est "écrit dans le rouleau du Livre (la Loi de Moiïse) : je suis venu ô Dieu pour faire ta volonté." (He 10, 5-8)
"Il a plu à Dieu " ... Dieu prend l'initiative et nous donne son Fils. On ne se fait aimer qu'en aimant le premier, c'est bien ainsi que M. Garicoïts présente l'Incarnation : "Tandis que nous étions ses ennemis, Il nous a tant aimés qu'il a envoyé son Fils unique ". Le visage de Dieu qui est au coeur de l'inspiration de saint Michel, c'est le Dieu du Me Voici. Il n'invente rien, il revient simplement à l'Ancien Testament. Le prophète Isaïe nous dit que "ME VOICI" est un des noms que Dieu se donne pour se faire connaître des hommes : "Dès lors mon Peuple va savoir quel est mon nom ; dès lors en ce jour, il va savoir que je suis celui-là même qui affirme Me Voici." (Is 52, 6)
"Me Voici" voilà le nom que Dieu se donne ; ce nom lui permet de se dire dans son intimité, dans la communion d'Amour des Trois Personnes. Chacune des Trois Personnes est "Me Voici" pour les autres : le Père est Me Voici pour le Fils et le Fils est Me Voici pour le Père. L'Esprit Saint est leur relation d'Amour ... l'Esprit Saint est la Personne qui exprime toute la consistance de l'Amour et du Me Voici éternel en Dieu.
Au moment de l'Incarnation, au moment où il s'offre à son Père pour sceller l'Alliance de Dieu avec les hommes, le Fils nous fait entrer dans le dialogue des Trois, dans l'intimité de Dieu : "Tu m'as façonné un corps, alors j'ai dit : Me Voici, je viens pour faire ta volonté ". C'est comme si le Fils disait : "Je viens révéler ton amour" car avec l'Incarnation du Fils, la communion d'Amour des Trois vient demeurer sur la terre. Elle sera vécue sous la forme de l'obéissance, car le Fils prend la condition de créature. En nous donnant son Fils, le Père va à l'extrême de l'Amour ...
Michel Garicoïts commente ainsi la Mission du Fils : Dieu nous l'a donné pour être
- L'attrait qui nous gagne à l'amour divin. L'enfant de la crèche est le premier visage de Dieu : visage de pauvreté, de fragilité. L'enfant est d'abord un mendiant d'amour et on ne se lasse pas d'embrasser les nouveaux-nés, les enfants. Dieu a pris ce visage pour nous dire qu'il n'attend qu'une chose de nous, notre amour. C'est ce qu'avait compris Etty Hillesum, cette mystique juive morte à Auschwitz en 1943. Elle écrit : "Je vais te promettre une chose mon Dieu, oh une broutille ... Je vais t'aider mon Dieu à ne pas t'éteindre en moi. Mais je ne peux pas garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus clair : ce n'est pas Toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons T'aider ... Je vais prendre soin de Toi ..."
- Le modèle qui nous montre les règles de l'Amour. Est-il nécessaire de nous le rappeler ? Nous n'en aurons jamais fini d'apprendre à aimer en vérité. Très souvent nous ramenons l'amour au sentiment que nous éprouvons d'être avec la personne aimée. Dans toute sa vie, Jésus nous montre que l'amour demande un coeur de pauvre, décentré de soi. Il nous apprend que l'Amour rejoint l'obéissance au réel et s'exprime par le service du prochain. Michel parle des "Règles de l'Amour" : il s'agit d'entrer dans le Projet de Dieu, de ce Dieu qui veut avoir besoin de nous, comme il a eu besoin de son Fils, pour se révéler aux hommes comme le Dieu-Amour.
- Le moyen de parvenir à l'Amour divin ... Laissés à nos seules forces, nous faisons l'expérience que nous n'arrivons pas à aimer comme Dieu veut être aimé. Dieu est fidèle par nature et jour après jour, nous découvrons notre inconstance et notre infidélité : Jésus vient guérir notre coeur. Le Père l'a envoyé pour que nous apprenions de Lui à accueillir l'Amour de Dieu en fils et à Lui répondre : "Voilà pourquoi le Fils de Dieu s'est fait chair".
La démarche de l'Incarnation prend source en Dieu-Trinité. L'Incarnation est la révélation de son Amour infini : "Il a plu à Dieu de se faire aimer " dit Michel Garicoïts après Bossuet. Si Jésus va à l'extrême du don de lui-même dans le sacrifice de la Croix, si "Il demeure toujours en état de victime, anéanti devant Dieu ", ce n'est pas pour satisfaire la justice divine, mais pour faire comprendre aux hommes, pour nous faire comprendre qu'il n'existe aucune limite à l'Amour miséricordieux et bienveillant du Père. Quand on a dit à la suite de l'Apôtre Jean (1 Jn 4, 8) et du Pape Benoît XVI : "Dieu est Amour " on a tout dit de Dieu ... le reste n'est que commentaire humain.
Voilà ce qui est au coeur de l'expérience spirituelle de saint Michel Garicoïts.
Conclusion
"Le christianisme est la religion des visages et il faudra toute l'histoire humaine pour que Dieu-Homme se révèle en plénitude." (O. Clément)
En Jésus-Enfant, Dieu nous a montré son visage à Béthléem, visage de tendresse et d'amour. Au moment de l'Incarnation, le Fils de Dieu prend le risque d'une existence humaine exposée et vécue jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à la souffrance et la mort : un auteur spirituel parle de la folie de la crèche comme saint Paul parle de la folie de la Croix.
Le Christ situe toute son existence dans le "Me Voici" de l'obéissance qui ouvre à toute l'humanité le chemin de la communion trinitaire. Ce n'est qu'en devenant tout "Me voici", que l'on devient fils, visage de ce Dieu qui affirme n'avoir pas d'autre nom que celui-là : ME VOICI (Is 51, 6).
Le philosophe juif Emmanuel Lévinas (mort le jour de Noël en 1995, dont le journaliste Jean Daniel a dit qu'il n'a pu dire que : "Me voici" en arrivant auprès de Dieu.) a beaucoup commenté le Me Voici : "C'est, dit-il, le mot le plus juste qu'une créature puisse dire à son Créateur."
Puisque Dieu, dont le nom est Me Voici, a fait l'homme à son image, il va de soi que l'Homme par excellence, Jésus de Nazareth, se tourne vers Dieu pour lui dire "Me Voici", lui qui est "l'Image du Dieu invisible." (Col 1, 15).
Michel Garicoïts a laissé à sa famille religieuse une devise que tout baptisé peut faire sienne pour marcher à la suite du Verbe Incarné :
"Me voici sans retard, sans réserve, sans retour, par amour"
- Sans retard : quand on aime, on ne fait pas attendre. C'est en entrant dans le monde que le Christ dit "Me Voici". Quand Dieu appelle, plus qu'un devoir, c'est un honneur de lui répondre. La bienheureuse Mariam disait : "On croit faire honneur à Dieu en le servant ! C'est un si grand honneur que Dieu nous fait de pouvoir le servir." Enfant, Michel Garicoïts glisse cette confidence à sa mère : "Je voudrais être prêtre." Pour épargner ses parents pauvres, Michel assume les frais des études, devenant domestique chez un fermier, près de St Palais et plus tard à l'évêché de Bayonne.
- Sans réserve : Jésus le Fils bien-aimé nous conduit à l'extrême de l'amour. Vicaire à Cambo, Michel Garicoïts entoure d'une grande délicatesse le curé de la paroisse paralysé. Il se dépense sans compter auprès des enfants, des adultes, des malades : en dix huit mois la paroisse es t transformée. L'évêque met fin à son apostolat en le nommant au séminaire de Bétharram. Surpris, Michel souffre de quitter la paroisse mais se ressaisit vite : "Quel dessein, écrit-il, peut bien nourrir notre évêque pour m'arracher ainsi à un ministère que Dieu bénissait visiblement ? "
- Sans retour : c'est la marque de la fidélité de Dieu, en qui fidélité et éternité font bon ménage ... Arrivé à Bétharram en 1825, Michel y restera jusqu'à sa mort, s'adaptant à toutes les situations : d'abord professeur de philosophie, puis directeur du séminaire. En 1833, l'évêque ramène le séminaire à Bayonne ... oubliant le Père Garicoïts à Bétharram. Il assure la tâche de gardien du sanctuaire et devient aumônier des Filles de la Croix d'Igon, avant de devenir le fondateur de la famille religieuse à laquelle il donne le nom de Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram, malgré les réticences de l'évêque qui voulait garder l'autorité sur les Missionnaires de Bétharram ... La Congrégation ne sera reconnue qu'en 1875, douze ans après la mort du fondateur.
Le christianisme est la religion des visages : vous connaissez la dévotion des Orthodoxes pour les icônes ... Disciples de Jésus-Christ, les chrétiens ont vocation d'être "visage" du Dieu Incarné en Jésus de Nazareth. Tout au long de l'histoire de l'Eglise, les Saints sont un reflet du visage du Ressuscité.
En disant "Me voici" à Dieu et à mes frères, je suis visage de Dieu et j'entre dans le dialogue d'Amour des Trois Personnes de la Trinité. L'Esprit-Saint façonne mon visage de fils de Dieu, jusqu'au jour de la rencontre dans la lumière du Royaume ... jusqu'au jour de ma vraie naissance !
(DS ) : P. Duvignau, La Doctrine Spirituelle de Saint Michel Garicoïts, Paris, Beauchesne, 1949.
(MS ) : P. Duvignau, Un Maître Spirituel du XIXème siècle, Saint Michel Garicoïts, Paris, Beauchesne, 1963.
Ces livres se trouvent à la Bibliothèque, ainsi que quelques autres sur Saint Michel Garicoïts et la spiritualité bétharramite.