R.-C. Baud, jésuite, est le fondateur de l'association "Albatros" de Lyon, pionnière dans la formation des accompagnateurs en soins palliatifs. Après 10 années passées au sein d'une institution scolaire, il avait quitté son métier et "les terres chaudes de sa tribu" pour fonder sa vie autrement en devenant aide-soignant de nuit auprès de malades atteints du sida.

   Sa santé, ses activités, ses projets le laissaient sans voix devant les malades et les mourants : il était devenu un écolier analphabète devant apprendre une autre langue pour communiquer ce qui pour lui est une "bonne nouvelle", sa foi en "cet amour que la mort ne peut tuer."

   "Ce à quoi je tenais le plus m'a été enlevé, et ce jour-là j'ai commencé à vivre." C'est cette expérience de déracinement et de dépouillement qui fait écho à celle que vit le malade à son entrée à l'hôpital dont témoigne l'auteur par petites touches avec pudeur et discrétion.

   A nous qui avons été ou serons tous un jour ou l'autre selon les aléas de la vie, malades ou soignants, R.-C. Baud  partage sa découverte progressive de la gratuité et de la réciprocité dans ses relations avec l'homme souffrant. Pas de leçons savantes ni de méthodes éprouvées . Avec lui, avec gratitude, nous pouvons laisser remonter de l'ombre nos peurs et nos doutes pour nous risquer dans une relation réelle avec nos propres faiblesses et celles de ceux qui nous sont chers.

Isabelle

 Paris, Bayard, 2006.

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