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      A la suite d'une enquête minutieuse et après plusieurs entretiens avec Mgr Jin Luxian, évêque de Shanghai, Dorian Malovic nous fait découvrir  un homme et une Eglise.

   Un homme, Mgr Jin Luxian, jésuite chinois ayant reçu une solide formation théologique au séminaire jésuite de Shanghai, puis en France et à Rome. Se trouvant en Europe lors de la prise de Pékin par les communistes en 1949, il obtint de ses supérieurs de retourner en Chine pour être auprès des catholiques chinois livrés à eux-mêmes et fut nommé recteur du séminaire de Shanghai.  Il fut arrêté par les communistes lors de la grande rafle du 8 septembre 1955. Emprisonné pendant 18 ans il fut libéré en 1973, mis en résidence surveillée après avoir accepté un poste de traducteur officiel. En 1982, il accepta de devenir le recteur du nouveau séminaire de Shanghai ouvert par l'Eglise patriotique chinoise, puis évêque auxiliaire de Shanghai en 1984. Deux ans après, il fut élu évêque "officiel". Ses choix lui ont valu d'être calomnié, critiqué, incompris, avant d'être aujourd'hui reconnu de facto par Rome.

   Pour mieux comprendre ce destin exceptionnel, l'auteur entrelace son récit de l'aventure de l'Eglise catholique en Chine à travers les siècles. Il nous en fait percevoir la complexité en dressant le portrait de l'Association patriotique, Eglise officielle voulue par le régime communiste, et celui de l'Eglise clandestine rebelle à Pékin, fidèle à Rome, souterraine et secrète.

   Au fil du récit qui est un véritable voyage intérieur dans l'âme chinoise, nous découvrons les chemins inédits et paradoxaux sur lesquels un "compagnon de Jésus" peut être conduit à s'engager pour être un authentique "soldat" du pape, prêt à défendre partout l'Eglise, "pour la plus grande gloire de Dieu", selon la devise des Jésuites depuis la fondation de la Compagnie en 1534. Mgr Jin le reconnait avec sérénité : " Le bon Dieu m'avait préparé à toute cette aventure depuis mon retour en Chine en 1951. Je lui en suis très reconnaissant. Maintenant je peux partir le rejoindre en paix, la conscience tranquille. Dieu seul sait où j'ai toujours placé ma fidélité, et son jugement m'importe plus que la justice des hommes. Il sait qu'un jésuite chinois n'a cessé d'oeuvrer toute sa vie pour sa plus grande gloire."

 Isabelle

(Paris, Perrin, 2006)